Prospérité : l'église adultère
La théologie de la prospérité est en train de s'insinuer dans l’Église.
Elle le fait à la manière d'un cancer : sans bruit, mais rapidement, elle corrompt le cœur et la chair de l’Épouse de Christ de telle manière qu'il est difficile de l'extraire sans dommage. Cette tromperie met à mal l'alliance de Jésus-Christ poussant l’Église à une forme d'adultère spirituel.
Prospérité : de quoi parle-t-on ?
Si je dois essayer de mettre des mots sur cette fausse doctrine, je dirais qu’il s’agit de dire que le désir de Dieu est que le chrétien ait de la réussite dans ce monde, qu’il soit matériellement prospère et en bonne santé. Toute la fourberie de cet exposé tient au fait qu’en elles-mêmes ces choses ne sont pas mauvaises, que Dieu les accorde souvent par sa providence. Le problème est qu’ici elles sont érigées en standard de la vie chrétienne.
Un standard de vie consiste à définir ce qu’est une vie réussie selon une norme. En d’autres termes : qu’est-ce qui fait de nous un chrétien accompli ? La prospérité définit cette réussite par rapport à des critères visibles, tels que le nombre de personnes impactées, l’influence sur les réseaux sociaux, la conquête de territoires physiques, la réussite matérielle ou la santé du corps, ces choses étant vues comme une approbation de Dieu.
Comme toute doctrine bien élaborée elle est rarement annoncée frontalement, mais le plus souvent insidieusement. Et elle se base sur des versets de la Bible, en particulier ceux-ci :
- Bien-aimé, je souhaite que tu prospères à tous égards et sois en bonne santé, comme prospère l’état de ton âme. 3 Jean 1:2
- L’Eternel t’ouvrira son bon trésor… L’Eternel ordonnera à la bénédiction d’être avec toi dans tes greniers et dans toutes tes entreprises… L’Eternel te comblera de biens… L’Eternel fera de toi la tête et non la queue, tu seras toujours en haut et tu ne seras jamais en bas… (Deutéronome 28)
Ainsi rappelons-nous toujours de ne pas prendre un verset loin de la pensée et du projet de Dieu. Ne lisons pas ces versets en les sortant de leur contexte, en fermant les yeux sur le reste surtout l’évangile de Jésus. N’oublions pas que le diable lui-même cite les écritures en disant “Il est écrit…” mais que Jésus répondit “il est aussi écrit” (Matthieu 4). Il ne s’agit donc pas de dire que ces versets sont mauvais ou faux, mais qu’ils peuvent être utilisés à mauvais escient.
En quoi est-ce un problème ?
La trajectoire proposée par la théologie de la prospérité s’oppose frontalement à l’évangile de Jésus-Christ. Elle conduit au malheur ceux qui l’empruntent. Voici pourquoi non seulement c’est un problème mais pourquoi c’est une doctrine à rejeter et à combattre avec détermination :
- Elle n’existe pas. Il n’y a pas d’“évangile de la prospérité”, il n’y a que l’évangile de Jésus-Christ.
En d’autres termes, relisez les évangiles et constatez par vous-mêmes ce que Jésus dit. L’évangile se suffit à lui-même et rien de tel n’est enseigné par Jésus. C’est un signal suffisamment fort pour nous préserver de cette doctrine. - Vous ne trouverez aucune promesse de prospérité dans les enseignements de Jésus, mais des préoccupations bien différentes. Jésus a lui-même combattu cette idée.
Vous lirez qu’à de nombreuses reprises, Jésus a repris ses disciples ou combattu toute idée de grandeur humaine (Luc 9:46), de richesse matérielle (Matthieu 13:22, Matthieu 6:19-21) ou de mérite (Matthieu 25:29, Matthieu 20:9-6). Ses préoccupations n’étaient pas de ce monde (Luc 20:22-25), mais celle du Royaume des cieux (Matthieu 6:31-33). - L’alliance avec Jésus-Christ est bien meilleure que tout autre chose : la prospérité détourne nos yeux.
Un bon critère pour savoir si une doctrine vous entraîne sur le bon ou le mauvais chemin est de savoir sur quoi elle vous pousse à porter votre regard. Une bonne doctrine vous poussera à poser vos yeux sur Jésus et sa splendeur (Hébreux 12:2). Une mauvaise sur vous-mêmes ou sur des choses matérielles (Matthieu 4:8-9) et sans importance dans le Royaume de Dieu (Matthieu 6:19-20). - C’est Jésus qui énonce le standard de la nouvelle alliance, pas les hommes.
Jésus a redéfini le standard que nous sommes appelés à suivre. Par sa mort il nous offre gratuitement la vie éternelle. Toute personne qui énonce des critères à atteindre pour être bénis de Dieu vous trompe (Matthieu 23:13). - La richesse matérielle est davantage une difficulté qu’une bénédiction pour vivre en chrétien.
Jésus n’était pas tendre avec les riches. Il voyait à quel point malgré leur bonne volonté ou leur moralité, ceux qui avaient des biens avaient du mal à ne pas être partagés dans leur coeur (Marc 10:17-27). On ne peut servir Dieu et l’argent, on ne peut servir deux maîtres… (Luc 16:13) - Etablir un standard de prospérité s’oppose à la grâce et pousse au volontarisme, à la performance, à la compétition, à la comparaison.
Les conséquences de la doctrine de la prospérité sont terribles. Elles se discernent par une tendance à la pression —des autorités de l’église, des frères et soeurs entre eux— pour “faire” et “réussir” plutôt que d’être transformé dans son être intérieur. Le cadre ainsi posé établit une hiérarchie entre les “bénis” et les autres. Un ministère doit donc réussir mieux que les autres, multiplier les résultats visibles et quantifiables —argent, nombre de personnes, influence— générant compétition, jalousie et division. - Cette doctrine entretient un climat de “coaching personnel” qui centre sur soi-même, sa propre réussite, au lieu de se centrer sur Jésus et l’amour des autres.
La prospérité va faire de votre propre personne le centre de votre vie : elle va vous dire que c’est votre volonté, votre engagement, votre détermination qui va faire de vous un chrétien béni. Or l’acteur principal de la vie d’un chrétien c’est Christ qui agit en nous par le Saint-Esprit (2 Corinthiens 12:19, Galates 2:20). Que ce soit l’amour ou l’expression de la puissance spirituelle, rien ne vient de nous-mêmes, tout vient de Lui et se fait en Lui et pour Lui. - Ceux qui veulent vivre dans la prospérité aiment trop le monde.
Notre vie ici-bas est une préparation pour les temps à venir. Ne pas se conformer au monde (Romains 12:2) et nous attacher au Royaume de Jésus est plus important. Ce n’est pas un Royaume de ce monde (Jean 18:36). Notre habitation ici est temporaire, nous recherchons avant tout les biens éternels. - Jésus promet des victoires spirituelles et intérieures fabuleuses mais aussi une adversité extérieure féroce.
L’adversité est même décrite comme une normalité pour un chrétien (Luc 21:12-13). Rien ne lui sera épargné puisqu’il est dangereux pour le Prince de ce monde. Celui qui ne serait donc que “béni” dans les choses matérielles devrait se poser la question de sa conformité à l’esprit du monde. Jésus a dit que le monde haïrait les chrétiens (Matthieu 10:22), difficile donc de réussir matériellement ou par influence envers les non-chrétiens sans tomber dans le compromis. - Ériger la prospérité en standard fait voir le pauvre ou celui qui souffre comme un problème à résoudre plutôt que comme une personne à aimer.
Dans le petit monde de la prospérité, celui qui n’est pas conforme au standard à atteindre est une anomalie. J’ai entendu prêcher : “il n’y a pas de malades dans le Royaume de Dieu.” Autrement dit, “toi qui est malade, tu es soit guéri soit exclu de la bénédiction de Dieu.” Mais dire cela c’est faire fi des moyens dont Dieu se sert pour guérir —rapidement ou plus lentement, miraculeusement ou par un simple traitement médical approprié— et de sa souveraineté. Jésus a accueilli chacun là où il en était pour l’emmener à son rythme vers une condition infiniment meilleure. - Suivre Jésus implique un renoncement pour obtenir quelque-chose de bien meilleur que ce que ce monde offre.
Les églises veulent grandir en nombre, elles devraient chercher à grandir en profondeur. Il vaut mieux fréquenter 20 chrétiens consacrés qui malgré leurs faiblesses vivent dans un amour inconditionnel à Jésus et aux autres, qu’une église de 1000 personnes présentes superficiellement pour faire gonfler les chiffres.
Il vaut mieux fréquenter 20 chrétiens consacrés qu’une église de 1000 personnes présentes superficiellement
L’Eglise n’est pas appelée à faire la différence par sa puissance numérique ou matérielle, mais par l’amour (Jean 13:35) et la Bonne nouvelle de Jésus accompagnée de signes (Marc 16:15-18).
Pourquoi vivre selon la doctrine de la prospérité est un adultère
Lorsque nous devenons disciples, une alliance est scellée entre Jésus et nous. C’est un mariage d’amour. Nous mourrons avec Lui dans les eaux du baptême et désormais appartenons à Christ, ressuscités en Lui. Et Lui nous appartient également !
Je suis à mon Bien-Aimé, mon Bien-Aimé est à moi. (Cantique des cantiques 2:16).
C’est comme lorsque je me suis marié avec mon épouse : je n’ai pas passé un simple contrat avec elle qui établissait les rôles, la répartition des tâches ménagères, le nombre d’enfants… J’ai fait une alliance d’amour intégrale qui a impliqué un changement de vie : j’ai choisi de ne plus être un seul mais d’être deux. Nous avons déménagé pour vivre ensemble, nous faisons désormais notre choix importants à deux, et ce qui arrive à l’un arrive aussi à l’autre. Si mon épouse est joyeuse, je partage sa joie, si elle a mal, je souffre avec elle. De même, l’alliance en Jésus est complète : ce qui m’arrive arrive à Jésus. Quand on me persécute, on persécute aussi Jésus. Quand je souffre, il souffre aussi. Quand on prend soin de moi, c’est de Jésus dont on prend soin (Matthieu 25:40).
Au contraire la doctrine de la prospérité pousse au compromis : et si vous pouviez avoir Jésus ET autre chose ? En cela celui qui fait ce choix rompt l’alliance et trompe Jésus. De même que quand je me suis marié j’ai renoncé à toutes les autres femmes, de même en choisissant Jésus j’ai renoncé à toute autre source première de bonheur. Parce que ce bonheur en Lui est le bonheur suprême.
Pour un certain nombre de chrétiens et d’églises, Jésus ne suffit plus.
Ceux qui choisissent la prospérité vous vendent ceci : “Vous pouvez avoir Jésus ET la richesse, Jésus ET la gloire, Jésus ET une vie confortable…”. C’est un mensonge séduisant : beaucoup se précipitent à la suite de ceux qui enseignent cela. Pour un certain nombre de chrétiens et d’églises, Jésus ne suffit plus. Si on disait : "tu peux te marier ET avoir des relations avec toutes les femmes aussi" cela plairait peut-être à beaucoup de gens. Mais nous comprenons aisément que cela est tromperie car le mariage est une institution divine. C’est pourquoi les enseignants de la prospérité poussent le peuple de Dieu à l’adultère. Et au final, ils tombent dans les pires péchés et amènent beaucoup de déception et de souffrance.
En finir
La doctrine de la prospérité est une oeuvre diabolique pour détourner l’Église de son Époux bien-aimé. Pourtant c’est bien une Épouse que Jésus viendra chercher et non une “femme adultère”. Finissons-en avec les fausses promesses : les promesses de prospérité de l’ancienne alliance étaient soumises au strict respect des exigences de la Loi. Les respectez-vous toutes ? De même, des promesses de malheur accompagnaient la désobéissance… Lisez Deutéronome 28 jusqu’au bout… Voulez-vous vivre selon ce standard ?
Plus vous serez grand dans ce monde, plus vous serez petit au Ciel.
On peut souhaiter pour soi-même ou pour les autres une belle vie, un élargissement de territoire, on peut prier pour la bénédiction ou la guérison de quelqu’un sans nécessité d’une pression de réussir, sans ériger un standard à atteindre de performance humaine. Plus vous serez grand dans ce monde, plus vous serez petit au Ciel (Matthieu 18:1-5).
Je ne peux que vous encourager à dénoncer et fuir tout contexte et toute personne qui prône la prospérité, même en partie. C’est une doctrine à bannir de manière absolue car lorsque la porte lui est entr’ouverte, elle finira par détruire en totalité. Priez pour votre âme, pour en être guéri et gardé. Centrez-vous sur Jésus et lui seul, car il est le seul trésor éternel.