1000 jours au désert
Il y a 3 ans, notre famille quittait le milieu religieux pour suivre Christ. Voici ce que j'ai appris.

J’ai appris à vivre libre
Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres. Jean 8:36
Fréquenter une organisation religieuse quelle qu’elle soit est un esclavage. J’ai fait partie pendant 45 ans de diverses communautés chrétiennes, des plus rigoureuses aux plus libérales, des plus traditionnelles aux plus modernes. Je m’y suis pleinement engagé et j’y ai été assidu. J’y ai eu des responsabilités aussi. J’ai connu aussi bien le “devant de la scène” que les coulisses ou les instances de décisions. Aujourd’hui, je peux donc l’affirmer haut et fort : il n’existe aucune excuse à la religion, elle n’est pas le plan de Christ pour son Église.
Toute forme d’oppression est un esclavage, mais Christ est la liberté. Quitter définitivement les organisations religieuses a fait de moi un disciple de Christ plutôt qu’un chrétien de façade. Cette liberté a le goût de Christ, elle a le parfum de Christ. S’Il est bien venu libérer les captifs, alors j’ai été au bénéfice de cette mission du Messie.
Il ne faut pas seulement sortir de la religion. Il faut aussi laisser la religion sortir de soi.
Mais j’ai du apprendre quelque-chose : il ne faut pas seulement sortir de la religion. Il faut aussi laisser la religion sortir de soi. C’est cela être réellement libre. Quitter une organisation peut se faire en 1 minute, mais le travail intérieur pour guérir prend du temps, proportionnel au temps passé à baigner dedans. Au final quand je réalise à quoi j’ai échappé une reconnaissance infinie me saisit envers mon Seigneur. Et si vous vous posez la question : non, je ne vais plus à l’église le dimanche. Je vis l’Église de Christ chaque jour.
J’ai appris le repos
(les religieux) lient des fardeaux pesants, et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt. (Matthieu 23:4) Déchargez-vous sur (Christ) de tous vos soucis, car il prend soin de vous. (1 Pierre 5:7)
Si je faisais un lien hasardeux avec le point précédent, vous pourriez penser que je profite simplement de mon temps libre du dimanche matin pour me la couler douce. Détrompez-vous, ce n’est pas de ce repos-là dont il s’agit. Je parle du repos de l’âme ! Si vous saviez comme mon âme a gagné en légèreté ! Ma vie du temps de la religion organisée n’était qu’action et planification, jusqu’à l’épuisement. Tout était toujours compliqué.
Vivre en Christ, c’est vivre en simplicité et en paix. C’est être au bénéfice de ses soins quotidiens sans avoir besoin d’accomplir ou de s’accomplir. C’est avancer en sécurité guidé par Sa Main sûre. Tout ce qui m’était imposé de par ma position religieuse n’a plus eu aucun sens ni aucun attrait quand j’ai goûté à la douce direction de Christ pour ma vie.
Ce repos en Christ m’a permis de découvrir des dispositions intérieures et spirituelles que je n’avais jamais connues : la simplicité, profiter de l’instant, m’alléger plutôt que de m’encombrer. Je n’ai plus à céder aux pressions ni aux injonctions. Je suis libéré du fardeau d’être à la hauteur. Certains diraient que je suis redevenu un enfant, simplement aimé, simplement en Christ. Le but de notre existence c’est d’aimer Christ et d’être aimé de Lui. Il est le sens de la vie.
J’ai appris la solitude
C’est pour cela que Jésus aussi, afin de sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Sortons donc pour aller à lui, hors du camp, en portant son opprobre. Car nous n’avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir. (Hébreux 13:12-14)
Hors du camp, c’est quitter une structure matérielle mais aussi humaine. Bien sûr que la religion procure un bénéfice social réel, je ne le conteste pas. Elle nous permet de fréquenter des personnes qui pensent comme nous et de fabriquer un entre-soi que nous finirons pour nous rassurer par appeler “église”. Oui, quitter le système religieux c’est suivre Christ hors du camp. Oui le désert est un endroit de solitude et de mise à part. Mais mieux vaut le désert que l’Egypte, c’est plus près de la Terre Promise.
Mieux vaut le désert que l’Egypte, c’est plus près de la Terre Promise.
Pour ma part le cheminement intérieur avant la décision a été particulièrement long. Mais le déclic a eu lieu lorsque le bénéfice social ressenti à fréquenter une communauté ne suffisait plus à compenser l’absence de Christ. Lorsque nos intérêts sont devenus sans saveur face à Ses intérêts à Lui. Notre famille a fait un choix qui, à l’instant opportun, est apparu comme une évidence : suivre Christ là où Il le désirait, plutôt que garder la reconnaissance et l’approbation des hommes.
Ne vous laissez pas berner : aucun système religieux, même le plus chaleureux, ne met l’intérêt de Christ et des autres avant les siens propres. Le but d’un système est d’entretenir le système. Il n’a rien à faire des gens qui ne contribueraient pas à son propre développement. La religion est centrée sur l’église en tant que structure, les disciples sont centrés sur Jésus-Christ en tant que fondement de vie.
Si on l’appelle le désert, ce n’est pas pour rien. L’immense majorité des personnes que nous fréquentions alors ne prennent même plus de nos nouvelles aujourd’hui. Est-ce que cela est une source de peine ? D’un côté oui car nous nous sommes sans doute illusionnés sur les liens fraternels. D’un autre côté, la fin des illusions c’est retrouver la vue. Goûter à ce qui est véritable. En échange de moindres fréquentations, nous savons que ceux qui ont gardé contact sont authentiques avec nous. Nous avons aussi eu la joie de rencontrer des frères et soeurs qui sont dans le même désert que nous, ce qui est incroyablement précieux.
La solitude n’est pas l’isolement. La solitude n’est pas la fin de l’appartenance au Corps. Puisque l’Église n’est pas une organisation mais un organisme, elle est la communion spirituelle de tous les disciples de Christ. Même au désert nous en faisons partie. Ce qui nous fait appartenir à l’Église, c’est la communion à Christ.
J’ai appris que Christ me suffit
Car en Christ habite corporellement toute la plénitude de Dieu. Vous êtes complets en Lui. (Colossiens 2:9, traduction littérale)
Le but du désert est simple : apprendre que Christ suffit. Il suffit à nos besoins, Il suffit à notre foi, Il suffit à l’Univers. S’Il suffit, alors nous n’avons besoin de rien d’autre. Cette leçon est simple à énoncer, mais particulièrement difficile à vivre pleinement. Alors avec patience, Jésus forme le caractère de son disciple (même déformé par la religion) pour découvrir sa toute suffisance. Pour expérimenter jour après jour ce que David exprimait ainsi : le Seigneur est mon Berger, je ne manquerai de rien. Le réciter est une chose, le vivre en est une autre.
Le Seigneur est mon Berger, je ne manquerai de rien.
Une question brûlante jaillit alors : mais si Christ est suffisant, est-ce que cela veut dire que je n’ai pas besoin des autres chrétiens ? Je le redis : Christ est suffisant. La communion avec d’autres disciples est importante, mais Christ est suffisant. Si j’ai Christ, j’ai tout. Je ne communie pas avec mes frères et soeurs parce qu’il me manque quelque-chose, mais parce que Celui qui est Tout me remplit et déborde de son amour en moi pour eux et eux pour moi. Croyez-le ou non, ça fait toute la différence.
Je n’ai pas encore tout appris de cette réalité. L’apprentissage que Christ est suffisant, que je n’ai besoin de rien d’autre, c’est la leçon de toute une vie. Alors que ma propre vie entre dans son Automne, quelles que soient mes pertes je gagne Christ. Je diminue, Il grandit. Il cultive mon âme, Il est ma vie.
Aujourd’hui, pas un regard en arrière : ce désert n’est pas facile, mais je préfère être avec Lui qu’être n’importe où ailleurs. Dites-moi où serais-je mieux ailleurs que sur le chemin de la cité céleste aux côtés de mon Sauveur ? Il me suffit. Il a dit qu’Il serait toujours avec ceux qui font ce choix de le Suivre là où Il va. Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront tous les jours de ma vie, dans ce désert ou ailleurs, et j’habiterai dans la Maison du Seigneur jusqu’à la fin de mes jours.