Fruits ou succès (partie 2)
Quelle est la part de Dieu dans notre vie et quelle est la nôtre ? Nos efforts ne devraient pas se porter sur notre influence dans ce monde, mais sur la profondeur de notre enracinement en Christ.
Profondeur ou largeur
Occupe-toi de la profondeur de ton ministère, Dieu s’occupe de sa largeur. (Loren Cunningham)
L’auteur de cette citation n’est autre que le fondateur de Jeunesse en Mission, une oeuvre de portée mondiale. Il nous invite à considérer où concentrer nos efforts. Là où le monde et hélas nombre d’églises et de ministères vont d’abord concentrer leurs efforts sur leur visibilité — sous couvert d’annoncer l’évangile plus largement—, les chrétiens authentiques vont chercher d’abord à connaître Dieu et à enraciner leur foi en profondeur. La prière notamment aura une place de choix dans leur vie personnelle et dans leurs oeuvres.
Dans toute oeuvre du Seigneur et non pas des hommes, Dieu a sa part et nous la nôtre.
Je me souviens d’avoir assisté à la réunion d’une oeuvre importante qui avait une excellente visibilité dans la ville, mais qui était en difficulté et sur le point de s’éteindre. La tension y était palpable. Il y avait là des pasteurs et responsables d’oeuvres d’horizons différents, protestants et catholiques. Deux courants se sont manifestés : l’un disait qu’il fallait davantage de publicité, cibler les jeunes chrétiens par des vidéos percutantes et dépoussiérer cette oeuvre par un marketing plus efficace. L’autre prônait de faire une pause et de chercher la volonté du Seigneur dans la prière commune et de rafraîchir la vision.
Ceci était une opposition manifeste, au sein même du corps de Christ, entre s’occuper de la largeur et s’occuper de la profondeur. Nous pourrions opposer à cela que nous devrions faire les deux ? C’est une erreur : car dans toute oeuvre du Seigneur et non pas des hommes, Dieu a sa part et nous la nôtre. S’occuper de la largeur d’une oeuvre c’est bien souvent un prétexte pour faire à la place de Dieu.
Soyons vigilants à ce que nos oeuvres commencées dans l’Esprit ne finissent pas dans la chair.
Souvenez-vous que c’est le peuple d’Israël qui a choisi Saül comme roi, un guerrier charismatique et populaire. Et c’est Dieu qui a choisi David, un frêle berger dernier de sa fratrie et méprisé de sa propre famille. Quand nous choisissons des hommes et des femmes pour des postes à responsabilité, quand nous décidons de nos stratégies, nous devrions peser les choses avec le regard divin. Soyons vigilants à ce que nos oeuvres commencées dans l’Esprit ne finissent pas dans la chair.
Devinez ce qu’il advint de cette oeuvre ? La majorité a applaudi l’investissement et le discours percutant de ceux qui proposaient de revoir la communication en ciblant les jeunes. Tout en promettant de prier aussi. Cette oeuvre n’a jamais revu le jour.
Grâce ou mérite
Travailler à sa propre réussite s’oppose frontalement au principe de la grâce. Comment savoir si l’on travaille vraiment pour Dieu ou pour nous-mêmes ? La réalité ne sera révélée que par la morsure de l’épreuve : enlevez tout à celui qui cherche à réussir et il s’écroulera. Enlevez tout à celui qui ne compte que sur Dieu et malgré la douleur il subsistera.
“Maître, j’ai observé toutes ces choses (la Loi) dès ma jeunesse.” Jésus, l’ayant regardé, l’aima, et lui dit : il te manque une chose; va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi. Mais, affligé de cette parole, cet homme s’en alla tout triste; car il avait de grands biens. (Marc 10:20-22)
Certains cherchent à faire ce qui semble être attendu d’un bon chrétien pour mériter leur place au paradis. La réalité est qu’aucun de nous ne mérite Dieu ni ses bienfaits. Tous ceux qui entrent dans son Royaume le font uniquement par grâce, c’est-à-dire par une faveur accordée sans mérite. La grâce est une pensée insupportable pour l’être humain. Le mérite et la performance, comme une lèpre qui atteint certains ministères et certaines églises de bonne volonté, sont des principes bien plus confortables.
Abandonne en totalité la forteresse de pensée du mérite et du désir de plaire aux hommes dans ta vie chrétienne.
Nous devons diagnostiquer et guérir du mal de la performance. Il a tué la foi de nombreux chrétiens qui ont été jugés comme n’étant pas à la hauteur dans l’Église. Détroussés de leur identité de fils ou de fille, dépossédés de leur destinée en Christ, ils coupent les ponts et sont à la recherche du lieu où ils seront finalement acceptés pour ce qu’ils sont. Ne rejetons pas les chrétiens qui nous semblent imparfaits. Ils sont en chemin comme nous tous. Qui sait l’étendue de ce que Dieu fera au travers d’eux ? Dieu n’a-t-il pas fait de Pierre l’impétueux et l’inconstant un socle pour son Église ? N’a-t-il pas fait de Moïse le bègue son porte-parole ? N’a-t-il pas fait de Paul le persécuteur un instrument de sa puissance ?
Ami, tant que tu n’as pas abandonné en totalité la forteresse de pensée du mérite et du désir de plaire aux hommes dans ta vie chrétienne, tu t’opposes malgré toi à l’avancée du Royaume de Dieu. Tu continues à faire la guerre à la grâce. Seul celui qui s’est dépouillé de tout peut revêtir l’habit de l’homme nouveau. Tu es le jeune homme riche devant Jésus qui t’appelle à renoncer à ton mérite pour entrer sur le chemin de Sa grâce.
Père, je n’avais pas conscience que je cherche parfois à mériter ton Royaume. Je te demande pardon pour toutes ces fois où j’ai cherché à étendre mon influence par moi-même. Pardon pour tous ceux qui ont été blessés autour de moi à cause de cela. Tu t’occupes de la largeur des domaines que tu m’as confiés : qu’ils aient une influence locale ou mondiale est ta part. La mienne est de rester fermement attaché à toi, dans la prière et la confiance de la foi, à écouter ta Voix et à suivre tes instructions. Je choisis aujourd’hui de renoncer à ce qui m’élève sur cette terre, à ma réussite, pour me dépouiller devant toi. Je sais que tu me revêtiras alors d’un habit du Royaume. Je veux porter du bon fruit et que la récolte soit excellente, même si cela m’attire de l’impopularité, de l’adversité ou d’être oublié, pourvu que Toi tu en sois glorifié. Amen.